Dans la Vallée du Rhône nord, cette petite structure coopérative née en 1972, fruit de l'union de trois familles, rassemble aujourd'hui dix associés représentant sept familles. A elle seule, elle produit près de 10% de l’appellation Crozes-Hermitage
A l’origine, il y avait trois familles de vignerons de l’appellation Crozes Hermitage qui avaient des projets de construction de cave ou d’adhésion à une coopérative. Deux d’entre elles – les Defrance (le père et le fils) et les Guerrier (Madame et ses deux enfants) commercialisaient leurs raisins en frais ; la troisième - la famille Borja avec le père et le frère de l’actuel président, Jean-Michel, qui n’était pas encore dans le circuit - avait déjà une petite cave pour des vins de table et venait d’installer un vignoble qui allait entrer en production. Trois projets bien différents et un besoin commun : faire du vin. La solution de l’adhésion à une coopérative ayant été rapidement évacuée - la cave de Tain ayant refusé l’adhésion du père Borja et de Mme Guerrier - il ne restait plus que le projet de construction d’une cave de vinification.
Après avoir étudié le problème, les vignerons concernés ont vu qu’investir individuellement pour des surfaces relativement faibles était très onéreux. « Quand ils ont commencé à aligner les chiffres, raconte Jean-Michel Borja, ils se sont dit : on se connaît, on a déjà travaillé ensemble dans d’autres secteurs comme l’arboriculture, alors pourquoi ne pas faire une coopérative ? » D’autant que leurs domaines étaient distants de quelques kilomètres à peine, tous les trois établis sur ces terrasses très anciennes (alluvions de l’Isère) à forte proportion de galets roulés qui permettent aux vignes de Crozes Hermitage d’exprimer leur meilleur potentiel : les Defrance à Châteauneuf-sur-Isère ; les Guerrier à Pont de l’Isère et les Borja à Beaumont-Monteux. Le site choisi in fine pour construire la cave est au milieu.
Au départ, cette cave devait se faire ailleurs, sur le domaine des Clairs Monts qui existait déjà. Mais une étude a révélé des problèmes de sol trop instable au niveau des fondations, d’où le choix du terrain actuel qui avait une viabilité assez simple et une position géographique moins excentrée. Mais les nouveaux coopérateurs ont choisi de garder la dénomination sociale initiale : Cave des Clairmonts avec aujourd’hui une marque commerciale : Clairmont.
Quant au nombre de coopérateurs, il est évolutif : premier départ, celui de Mme Guerrier qui a décroché assez vite en cédant son exploitation à la Safer qui a fait une redistribution à plusieurs familles : les Guerby, les Chanas et les Rochas qui ont intégré la structure. Puis d’autres arrivées dans les années 1980 : un cousin dans la famille Defrance - Christian Defrance - et la famille Chirouze. Suivies en 2006 par Florent Martinelli. Quelques années plus tard, nouveaux changements avec, cette fois, les départs en 2012 de Michael Rochas et Roland Chanas. Compensés par deux adhésions nouvelles en 2016 : deux jeunes femmes qui avaient envie de s’investir dans la viticulture et dans l’aventure Clairmont. Marie-Laure Laurent d’abord, qui avait une formation agricole et dont le mari a hérité d’une parcelle qui était en friche ; et Barbara Schmid-Borja, qui s’est installée comme jeune agricultrice (elle est aussi œnologue) et qui a livré sa première récolte en 2017. Elle aussi participe activement à la vie de la cave comme l’ensemble des vignerons-coopérateurs qui sont associés à la prise de toutes les décisions et qui peuvent participer, s’ils le souhaitent, aux différentes étapes d’après vendanges, de la vinification jusqu’à la vente des vins.
« Et l’’histoire n’est pas finie, souligne Jean-Michel Borja. Nous n’avons pas compensé entièrement les pertes suite aux derniers départs et nous sommes encore en déficit d’apport par rapport à nos installations. L’attente et les besoins de notre entreprise font que nous sommes ouverts à d’autres adhésions. En conservant bien entendu ce qui fait l’originalité de Clairmont : son esprit familial et très participatif ».
REPERES
1972 : date de création de la cave des Clairmonts à Beaumont-Monteux
10 : le nombre de coopérateurs issus de 7 familles
122 : la surface du vignoble Clairmont en ha, dont 12 en IGP collines rhodaniennes et le reste en crozes-hermitage. Depuis quelques années, Clairmont produit aussi du saint-joseph (1 ,5 ha). 32% de ce vignoble est conduit en agriculture biologique.
6 400 : la production en hl les bonnes années comme en 2016
7 : le nombre de salariés. L’équipe est dirigée par Carol Lombard
3,1 : le chiffre d’affaires 2016 en millions d’€ (+35% depuis 2014, +30% de rémunération des vignerons-associés de 2011 à 2016 et une variation du CA export de +418% entre 2015 et 2016).
La vente au caveau assure 10 % du chiffre d’affaires et l’export 12 %, le solde étant assuré par les réseaux CHR et les cavistes.
50% : le pourcentage des volumes vendus en bouteilles contre 35 % il y a 5 ans
45 : l’âge moyen des adhérents de la Cave des Clairmonts (contre 59 pour la moyenne départementale dans la Drôme)
Contact : Cave de Clairmont – 755 route des vignes à Beaumont-Monteux (26)
www.cavedesclairmonts.com
Cave coop cherche nouveaux associés
Pour conforter l’avenir et rattraper les surfaces perdues, des efforts de plantations nouvelles ont été faits et un appel a été lancé « aux personnes de bonne volonté qui voudraient jouer le jeu avec nous et entrer dans l’aventure ». Dixit le président Jean-Marie Borja qui, avec les autres responsables de la Cave des Clairmonts, cherche donc à attirer de nouveaux vignerons-associés et tout particulièrement des jeunes. Pour faciliter leur installation, ils ont ainsi mis en place depuis février 2017 un accompagnement « sur-mesure » pour les éventuels postulants, avec le concours du Crédit agricole sud-Rhône-Alpes.
« Nous sommes allés dans les centres de formation et nous avons communiqué de manière plus générale autour de toutes les institutions professionnelles agricoles pour faire savoir que nous sommes en recherche de sociétariat, précise Laurence Guerby, vigneronne et vice-présidente de la cave. Nous avons ainsi élaboré une convention pour aider les nouveaux vignerons qui n’auraient pas de vignes, pour les aider sur le plan financier à planter en apportant une avance de trésorerie dès la première année de livraison ».
Les candidats vignerons pourront ainsi bénéficier d’un taux préférentiel avec un différé de remboursement pour le financement bancaire des investissements d'actifs et des frais de mise en production. La cave propose aussi au jeune le versement d'une avance de trésorerie de 100%, dès l'année suivant la première récolte. Ensuite, celle-ci passe à 25%.
« Le deal, c’est un paquet complet qui offre au créateur de l’exploitation trois choses essentielles : notre savoir-faire dans l’accompagnement administratif ; une trésorerie adaptée à ses besoins jusqu’à l’entrée en production ; et une aide technique avec le prêt de matériels si besoin ».