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Jean Calabrese

Les caves Carod, au cœur du berceau de la Clairette de Die


Dans la vallée de la Drôme, cette structure autrefois familiale, propriété aujourd’hui des Grands Chais de France, allie à merveille tradition et modernité.

Côté tradition et même folklore, les caves Carod à Vercheny sont incontournables : non seulement on y produit une clairette de Die exceptionnelle (la liste des cuvées médaillées est éloquente), mais on y trouve aussi un petit musée que l’on peut visiter et qui permet de revivre la saga de la famille, portée par le grand-père, Paul-Louis Barnier qui créa la cave dans les années 1940, et son gendre Amade Carod qui produisit et commercialisa avec lui les premières bouteilles. L’intérêt de ce mini-musée n’est pas seulement mémoriel ; il permet aussi de comprendre au travers de quelques saynètes illustrant les traditions locales du début du XXe siècle comment on vinifie la Clairette de Die. Avec cette fameuse méthode ancestrale qui remonte aux Voconces, ces Gaulois installés dans les Préalpes et qui, déjà, savaient utiliser la technique du froid pour maîtriser les fermentations.

« Ils plongeaient les jarres pleines du jus de leurs raisins dans les torrents de montagne – les hivers étaient plus froids et plus longs à l’époque ; ça prenait en glace et ça laissait fermenter plus lentement, souligne Arnaud Van Der Voorde, le directeur technique des caves Carod depuis août 2017, œnologue de formation. De là à dire que c’était mis en bouteilles pour obtenir le côté effervescent, certainement pas. Le vin était tiré de la jarre et bu comme ça. En fait, c’était un jus de raisin encore en cours de fermentation. Un peu comme les vendanges du bourru dans certaines régions ».

On le sait aujourd’hui : en fermentant très lentement, ce ne sont pas les mêmes types d’arômes qui vont être dégagés par les levures indigènes. D’où la typicité de la Clairette de Die pour laquelle on pratique les fermentations les plus froides au monde. C’est la fameuse méthode ancestrale, une technique très contraignante qui requiert un savoir-faire particulier et des installations permettant de maîtriser le froid. Ce qui a incité la famille Carod [Alain et Marcel, les deux fils d’Amade plus particulièrement] à proposer très rapidement de la prestation de service aux autres petits producteurs du Diois tout en ayant leurs vignes et en faisant leurs propres vins. Une activité qui est presque devenue le cœur de métier de la famille et qui perdure aujourd’hui.

« J’appelle ça de la prestation à la carte, précise Arnaud. Cela peut représenter jusqu’à 500 000 bouteilles par an. Avec des producteurs qui apportent leurs raisins ou jus de raisin pour qu’on fasse leur fermentation – ça c’est rare ; d’autres qui nous emmènent leur vin prêt pour la mise en bouteille que nous faisons pour eux. Nous leur rendons les bouteilles et quand la prise de mousse est finie, ils nous les rapportent pour que nous fassions le transfert et la clarification du vin. Pour d’autres encore, qui ont fait la prise de mousse chez eux et leur tirage, nous nous occupons juste de la clarification ». Au final, les Caves Carod, qui travaillent ave une centaine de vignerons, produisent aujourd’hui 15 % de l’appellation Clairette de Die + 5 % en prestation de service.

Avec toujours des cuvées de prestige (comme la bouteille sérigraphiée cuvée Elodie) et d’autres plus innovatrices voire iconoclaste, avec plus de fraicheur et de légèreté. Comme la Clairette de Die 7 % Ice, qu’il est recommandé de déguster avec des glaçons ! Un habillage argenté très épuré et un gros 7 % pour rappeler que la clairette n’est pas si alcoolisée, presque deux fois moins qu’un crémant ou un champagne. Et ça fonctionne bien. Tout comme la Clairette de Die végan lancée l’année dernière. « Nous avons été les premiers à le faire dans la vallée de la Drôme. D’ailleurs, nous sommes souvent les premiers à innover. C’est la force de notre groupe. Nous, chez Carod, nous pensons qu’il faut continuer à dynamiser les clairettes en proposant de nouvelles gammes. Car nous pouvons être modernes sans trahir nos origines et nos traditions ». Et d’ajouter : « Avant de devenir un produit prestigieux, commençons déjà par y ressembler ! ».

REPERES

2008 : date à laquelle les Caves Carod sont passées sous la coupe des Grands Chais de France, maison de négoce fondée en 1979 par Joseph Helfrich. Leader français à l’export de vins et spiritueux, GCF est aussi le premier propriétaire viticole français avec 3 400 ha de vignes.

180 : le nombre d’hectares exploités en négoce par les Caves Carod qui possède aussi sa propre exploitation de 45 ha, le domaine de Guigouret (géré par Eric Carod) actuellement en conversion bio.

10 : en millions, le nombre moyen de bouteilles de clairettes de Die produit chaque année (contre 500 000 pour le crémant de Die). Dont 15 % pour les Caves Carod.

Caves Carod / Quartier du Gap – RD 93 – Vercheny / 04 75 21 73 77

www.caves-carod.com

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